Les dirigeants de PME le savent : le financement des projets professionnels passe le plus souvent par un prêt bancaire : aménagement de nouveaux locaux, achat de matériel, reprise d’un fonds de commerce, lancement d’une nouvelle activité, etc.
Lors de l’examen d’une demande de prêt bancaire professionnel, l’établissement financier procède à une analyse approfondie de la situation financière et opérationnelle de l’entreprise. Cela peut s’appuyer sur le business plan de l’entreprise, document clé qui présente la viabilité du projet, les prévisions, la stratégie commerciale et les perspectives de croissance de l'entreprise.
L’évaluation porte d’abord sur la capacité de remboursement, en étudiant les comptes annuels pour vérifier que la marge bénéficiaire et la trésorerie disponibles permettent de couvrir les échéances du prêt sans compromettre l’activité courante.
Un ratio d’endettement est calculé afin de mesurer l’équilibre entre les dettes existantes, les capitaux propres et la capacité à générer du cash-flow, ce qui permet d’apprécier le niveau de risque lié à l’ajout d’une nouvelle dette.
Le secteur d’activité de l’entreprise influence aussi la décision, certains domaines étant jugés plus risqués que d’autres.
Dans ce contexte, de nombreux dirigeants se demandent comment obtenir un prêt bancaire professionnel lorsque leurs comptes annuels ne suffisent pas à convaincre, dès lors que les établissements financiers exigent aussi la constitution de garanties supplémentaires destinées à couvrir le risque de non-remboursement.
C’est précisément à cette étape qu’intervient un soutien essentiel : la Mutualité de Cautionnement ou la Mutualité des PME.
1. Accord de crédit sous conditions
Il arrive que la banque considère le projet comme viable et la capacité de remboursement de l’entreprise comme suffisante, mais estime que le risque résiduel n’est pas totalement couvert.
Dans ce cas, l’établissement bancaire exige généralement la constitution de garanties sur les actifs professionnels de l’entreprise : stocks, créances clients, matériel ou fonds de commerce. Ces biens, une fois évalués, permettent de sécuriser une première partie du prêt.
Si la valeur de ces actifs professionnels ne couvre pas intégralement le risque, la banque peut alors demander au dirigeant d’engager son patrimoine personnel en complément. Cela peut prendre la forme d’une caution personnelle, d'une hypothèque sur une résidence principale, d’un gage sur un portefeuille de titres ou d’un nantissement sur des comptes d’épargne.
Cependant, certains dirigeants hésitent à engager l’ensemble de leurs biens personnels soit parce qu’ils ne disposent pas d’actifs suffisants, soit pour préserver une marge de manœuvre financière en vue de futurs projets personnels.
Un business plan peut démontrer à la banque que les risques sont identifiés et que les prévisions de trésorerie sont maitrisées.
2. La Mutualité de Cautionnement
La Mutualité de Cautionnement est un organisme public qui peut se porter garante d’une partie du prêt bancaire.
La banque reste l’interlocuteur principal du dirigeant, mais la banque sait qu’en cas de défaillance une partie de sa perte potentielle serait prise en charge par la Mutualité de Cautionnement.
Concrètement, la Mutualité de Cautionnement peut couvrir jusqu’à 50 %1 du montant du crédit, parfois davantage sur certains produits spécifiques ou lignes de crédit. La durée de cette garantie est limitée dans le temps (souvent entre cinq et sept ans) et adaptée à la durée du prêt.
La Mutualité de Cautionnement soutient une large gamme de professionnels : commerçants, restaurateurs, cafetiers et hôteliers, artisans, prestataires de services, travailleurs indépendants ainsi que les professions libérales. La seule condition est que le prêt doit être destiné au développement de l'activité professionnelle.
Exemple :
Une entreprise souhaite emprunter 200 000 € pour aménager un nouveau point de vente.
La banque est prête à suivre, mais seulement si au moins la moitié du prêt est sécurisée.
La Mutualité de Cautionnement accepte de garantir 100 000 €.
En contrepartie, l’entreprise paie une prime unique au début du crédit. Si l’on prend un ordre de grandeur de 0,5 % par an pendant cinq ans, la prime tourne autour de 2 500 € pour la totalité de la période, à laquelle s’ajoute une petite souscription de parts sociales2.
Pour beaucoup de dirigeants, cette solution est plus acceptable qu’une hypothèque par exemple.
3. La Mutualité des PME : un appui fort pour les artisans et petites structures
La Mutualité des PME joue un rôle très proche de celle de la Mutualité de Cautionnement : elle se porte garante des prêts d’investissement des petites et moyennes entreprises, avec une attention particulière pour les artisans, petites entreprises et secteurs de proximité.
Pour bénéficier de ce soutien, l’entreprise doit présenter un business plan complet.
La Mutualité des PME intervient pour la création ou la reprise d’entreprise, la promotion immobilière liée à l’activité, la modernisation d’ateliers ou de magasins, ainsi que pour certaines garanties de chantier dans les marchés publics.
L’entreprise devient membre en souscrivant des parts sociales de la Mutualité des PME. Le montant reste proportionnel à la taille du dossier.
La Mutualité de Cautionnement et la Mutualité des PME ne sont pas concurrentes. Elles se complètent.
Sur certains projets, seule l’une d’elles interviendra. Mais il est aussi possible qu’elles se partagent le risque, chacune garantissant une fraction du même prêt.
Ce partage du risque dépasse le plafond d’un seul organisme et présente à la banque un plan plus solide, sans exiger de garanties personnelles supplémentaires.
Concrètement, le dirigeant présente son business plan à la fiduciaire, qui se chargera ensuite de contacter la Mutualité PME ou de Cautionnement pour sécuriser le montage financier. Cette approche permet d’assurer la cohérence du dossier avec la situation comptable et fiscale de l’entreprise.
4. Ce qu’il faut retenir en tant que dirigeant
Lorsqu'un projet de financement nécessite des garanties personnelles qui sont limitées, il reste possible de financer un projet grâce au cautionnement et à un business plan qui démontre la capacité financière de l’entreprise.
Le coût de la garantie reste proportionnel au montant du prêt et à sa durée, et reste généralement modeste par rapport à une hypothèque privée.
Plus le montage est préparé en amont – avec un business plan solide, des prévisionnels détaillés et des explications claires du projet – plus les chances d’acceptation augmentent.
1. La garantie peut aller jusqu'à 80% du montant emprunté jusqu'à 150 000 € de prêt et 50% au-delà.
2. La prime unique se compose d'une prime de risque et de parts sociales et est calculée comme suit : (montant cautionné x année du cautionnement x 0,5%) + 1 part de 25€ par tranche de 25 000€ de garantie.